Siamanto

Adom Yerjanian, connu sous son nom de plume Siamanto, né le 15 août 1878 à Agn (Empire ottoman) et assassiné en août 1915 à Ankara (Empire ottoman), est un poète, un écrivain et une figure nationale arménienne, considéré comme l’une des voix les plus puissantes de la littérature arménienne de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, dont les œuvres résonnent comme des cris d’espoir et de douleur, marqués par le combat pour la survie de son peuple. Son œuvre est intimement liée aux souffrances des Arméniens sous le régime ottoman et à leur aspiration pour une vie libre et digne. Siamanto connaît une fin tragique pendant le génocide arménien en 1915, victime de la rafle des intellectuels arméniens du 24 avril 1915 à Constantinople. Sa poésie reste aujourd’hui un symbole de résistance, de mémoire et de foi en la justice.

Siamanto reçoit son éducation initiale à l’école locale Nersessian de son village avant de se rendre, à 16 ans, à Constantinople, où il poursuit des études à la prestigieuse école arménienne Berberian. Là, il s’imprègne des idées progressistes de l’époque et découvre les grands poètes romantiques européens, ainsi que les auteurs russes, français et arméniens. Après Constantinople, il se rend à Paris en 1897 pour y étudier la littérature et la philosophie à la Sorbonne, un séjour qui renforce son goût pour les idéaux de liberté et d’émancipation.

Durant ses années de formation, Siamanto se passionne pour la politique et les luttes révolutionnaires de son époque, et développe une sensibilité à la condition humaine qui teinte profondément son œuvre. Après Paris, il se rend à Genève, collabore au journal Droshak, l’organe de presse de la FRA Dachnaktsoutioun. On y retrouve ses premières œuvres poétiques, à savoir « Դիւցազնօրէն » (Héroïquement) et « Ասպետին երքը » (Le chant du chevalier). Les éditoriaux qu’il rédige détaillent la destruction de sa patrie, critiquent vivement le régime ottoman et réclament l’égalité des droits pour les Arméniens et davantage d’autonomie. Siamanto rejoint la cause et croit vraiment en une Arménie libérée de l’oppression ottomane. Sa vie est ensuite marquée par une mobilité permanente à Paris, Genève et Zurich, où il continue de publier et de sensibiliser le monde à la cause arménienne.

Parmi les œuvres majeures de Siamanto figurent des recueils de poésie qui capturent l’essence même de la lutte et des souffrances arméniennes :

Héroïquement «Դիւցազնօրէն» (1897-1902) : Recueil qui raconte les difficultés des Arméniens vivant sous la domination ottomane. Siamanto a encouragé les jeunes à défendre leurs droits et à exiger l’égalité et la justice.

Arméniens «Հայորդիները» (1902-1908) : ouvrage qui traite du profond chagrin et du deuil que les Arméniens ont dû endurer après les massacres hamidiens et les atrocités ottomanes.

Des nouvelles sanglantes de mon ami «Կարմիր Լուրեր Բարեկամէս» (1909) : Ouvrage écrit au lendemain du massacre d’Adana en 1909. C’est une œuvre poétique qui reflète la douleur que l’auteur a ressentie pour ses compatriotes du Yerguir.

Siamanto était un pionnier de la poésie arménienne, disposant d’un style unique et d’une méthodologie exceptionnelle de rédaction. Ses thèmes étaient très sombres et traitaient largement de la mort, de la torture, de la perte, de la misère et du chagrin. Ses ouvrages décrivent souvent des scènes de massacres, des rues ensanglantées, des villages pillés, etc. La souffrance du peuple le tourmentait continuellement à son tour et Siamanto pensait qu’écrire sur leur sort était sa façon de faire face à la douleur et de s’assurer qu’ils ne soient pas tués en silence. La vie des Arméniens était sombre sous la domination ottomane et les œuvres de Siamanto décrivaient très bien cette réalité.

Cependant, ses poèmes et ses écrits vont au-delà de la douleur. Il a écrit sur l’espoir, la libération de l’oppression et la possibilité d’un avenir meilleur. Ses idées allaient également vers des thèmes révolutionnaires et montraient le double aspect de son écriture : celui de la lamentation et celui de la résistance.