Sayat-Nova, de son vrai nom Haroutioun Sayadian, né le 14 juin 1712 à Tiflis (Géorgie) et mort le 22 septembre 1975 à Haghbad (Arménie), est un poète, achough et musicien arménien, connu sous ses pseudonymes de « roi des chansons » et « nouveau Saâdi » . Il grandit dans un contexte multiculturel, où Arméniens, Géorgiens et Perses cohabitent, influençant profondément sa musique et sa poésie. Très jeune, il montre des talents exceptionnels pour la musique et devient célèbre en tant que troubadour ou « achough », chantant en arménien, géorgien et persan. Au cours de sa vie, il est au service de la cour du roi Irakli II de Géorgie, pour qui il compose des chants d’amour, de nostalgie et de dévotion. Banni de la cour par le roi en 1759, Sayat-Nova quitte par sentence royale ses fonctions et devient moine au monastère de Haghpat sous le nom de Père Stépanos, parce qu’il serait, semble-t-il, tombé amoureux de sa sœur, la princesse Anna Batonachvili. Il est assassiné par l’armée d’Agha Mohammed Khan qui dévasta la ville de Tiflis et ses alentours, en 1795.
Sayat-Nova n’a pas reçu d’éducation formelle dans des institutions académiques, mais il bénéficie d’une formation culturelle intense, acquise au sein de la cour royale géorgienne et de sa vie de troubadour itinérant. Il apprend la musique dès son enfance, s’initiant au « kamancheh », un instrument à cordes traditionnel, ainsi qu’à la poésie, qui devient sa principale forme d’expression. Influencé par la tradition des achoughs, des troubadours du Caucase, il développe un style qui fusionne des influences arméniennes, géorgiennes et perses.
En tant que poète et musicien de cour, Sayat-Nova compose pour la noblesse et les membres de la cour, perfectionnant ses compétences en chant et en musique. Sa maîtrise de plusieurs langues lui permet de créer une œuvre éclectique, reflétant la diversité culturelle de son époque. Ses chansons touchent à des thèmes universels tels que l’amour, la spiritualité et la souffrance humaine, tout en incarnant une vision profondément personnelle et lyrique.
Les chansons de Sayat-Nova comptent parmi les chefs-d’œuvre de la po ésie et de la musique du Caucase. Ses principales œuvres poétiques et musicales incluent des chansons d’amour, des chants spirituels et des réflexions sur la condition humaine. Parmi les plus célèbres figurent :
– « թամամ աշխարհ » (Tamam Ashkhar) : Chant philosophique qui reflète la vision du monde de Sayat-Nova, emplie de mélancolie et de contemplation sur la fragilité de l’existence. Le titre signifie « Tout le monde » et explore la nature éphémère de la vie humaine, la recherche de l’amour et la lutte pour la survie.
– « Ամէն սազի մէջըն գոված » (Amen sazi méchen kovadz) : œuvre qui célèbre la beauté de la musique et des instruments qui expriment des émotions profondes. Le titre se traduit par « Loué dans tous les instruments », et la chanson elle-même est une ode à l’art de la musique et à sa capacité à transcender les frontières culturelles et linguistiques.
– « Դուն էն հուրին իս » (Toun en hourin is) : Chant d’amour dédié à une femme idéale, la « houri », une créature céleste dans la tradition orientale. Sayat-Nova y exprime l’intensité de ses sentiments et sa dévotion envers l’être aimé.
Le style musical de Sayat-Nova se caractérise par la fusion de plusieurs traditions musicales, notamment arménienne, géorgienne, perse et turque. Il est reconnu pour sa capacité à capturer les nuances émotionnelles à travers une mélodie subtile et des rythmes envoûtants. Ses chansons, souvent accompagnées du kamancheh, explorent des tonalités à la fois douces et vibrantes, avec un mélange de spiritualité et de sensibilité humaine. Poète de l’amour et de la douleur, il utilise une poésie simple mais profondément symbolique, empreinte de métaphores et d’images évocatrices. Il reste une figure incontournable dans l’histoire de la musique et de la poésie arménienne, et plus largement caucasienne.