Levon Shant

Levon Shant, de son vrai nom Levon Nahashbedian (Seghposian), né le 6 avril 1869 à Constantinople (Empire ottoman) et mort le 29 novembre 1951 à Beyrouth (Liban), est l’une des figures les plus éminentes de la littérature arménienne moderne, reconnu comme dramaturge, poète, romancier, éducateur et l’un des fondateurs de l’association éducative et culturelle arménienne Hamazkaïne. Shant joue également un rôle clé dans la vie politique arménienne, étant l’un des fondateurs de la République d’Arménie en 1918. Exilé après l’effondrement de la Première République, il continue de se consacrer à la cause arménienne à travers son travail littéraire et éducatif. Shant s’établit finalement à Beyrouth, où il dirige le collège arménien Nshan Palandjian Djemaran et poursuit son engagement littéraire et culturel jusqu’à sa mort en 1951.

Levon Shant reçoit sa première éducation à l’école arménienne de Scutari, un district de Constantinople, où il développe un intérêt précoce pour la littérature et les langues. Il poursuit ensuite ses études au célèbre Séminaire théologique Kevorkian à Etchmiadzine jusqu’en 1891. Il quitte l’Empire ottoman pour l’Allemagne en 1893 pour six ans afin d’étudier la science, la psychologie, l’éducation, la littérature et l’histoire dans les universités de Leipzig, Friedrich Schiller d’Iéna et Louis-et-Maximilien de Munich, se formant ainsi dans un cadre intellectuel rigoureux. Son séjour en Europe lui permet d’élargir ses horizons intellectuels et d’assimiler les courants littéraires et philosophiques européens, ce qui façonne son approche littéraire et éducative. De retour dans le monde arménien, il met son savoir au service de l’enseignement, devenant un éducateur respecté et un réformateur de l’éducation arménienne.

Levon Shant est surtout connu pour ses pièces de théâtre, mais il a également écrit des poèmes, des nouvelles et des essais. Parmi ses œuvres les plus marquantes, on trouve :
Dieux anciens (1908) : Pièce qui explore la confrontation entre l’ancien paganisme arménien et la montée du christianisme, symbolisant le conflit entre tradition et modernité. Shant y dépeint des personnages profondément enracinés dans leurs croyances, mais confrontés à des forces de changement irréversibles.
L’Enchaîné (1918) : Dans cette œuvre, Levon Shant raconte le destin tragique d’un personnage enchaîné par ses propres choix et par les circonstances historiques. Le drame met en lumière les thèmes de la fatalité, du sacrifice et de la quête de liberté, tout en reflétant les tumultes de la période de la Première Guerre mondiale.
La princesse du fort tombé (1921) : Cette pièce, écrite après la chute de la Première République d’Arménie, aborde le thème de la chute et de la résilience. Shant y raconte l’histoire d’une princesse qui, malgré la défaite de son peuple, lutte pour préserver son honneur et sa dignité. L’œuvre est empreinte de symbolisme et exprime le désespoir et l’espoir mêlés des Arméniens de l’époque.

Le style de Levon Shant est caractérisé par une profondeur psychologique et une complexité thématique. Il combine des éléments symbolistes et réalistes, et ses œuvres abordent souvent des questions philosophiques et existentielles. Shant excelle dans la création de personnages complexes, en proie à des dilemmes moraux et existentiels. Sa maîtrise du langage et son sens du drame font de lui un dramaturge incontournable dans la littérature arménienne. Il utilise également sa plume pour aborder des sujets sociaux et politiques, reflétant les préoccupations de la nation arménienne dans une période de bouleversements historiques. Levon Shant reste un pionnier du théâtre arménien moderne, et son héritage littéraire continue d’influencer les générations suivantes.