Ler Gamsar

Ler Gamsar, de son vrai nom Aram Tovmassian, né le 24 octobre 1888 à Van (Empire Ottoman) et mort le 22 novembre 1965 à Erevan (Arménie), est un écrivain et satiriste arménien. Originaire de Van où il commence sa carrière d’écrivain, il survit au génocide des Arméniens et s’enfouit en Arménie orientale, où il travaille comme satiriste pour divers journaux et publie plusieurs ouvrages. Ses œuvres satirisent des aspects de la vie quotidienne, des questions sociales et du monde littéraire. Ses critiques des autorités soviétiques ont conduit à sa répression en 1935, passant ainsi 20 ans en prison et en exil, pour ensuite subir une interdiction de publier ses écritures après son amnistie en 1955. De nombreuses œuvres et journaux de Gamsar ont été publiés depuis sa mort en 1965, bien qu’une grande partie de ses écrits restent inédits.

Ler Gamsar a reçu une éducation diversifiée qui a marqué son développement intellectuel. Il débute ses études à l’école américaine de sa ville natale, avant de poursuivre au prestigieux Séminaire Kevorkian à Etchmiadzine, un centre clé de la culture et de la théologie arméniennes. Sa vocation littéraire s’est révélée tôt, avec la publication de son premier texte en 1910 dans le journal Աշխատանք (Travail), basé à Van.

Le génocide arménien de 1915 a bouleversé sa vie et sa carrière. Participant à la défense héroïque de Van, il est contraint de fuir vers Erevan, où il commence à écrire pour divers journaux caucasiens, souvent sous le pseudonyme d’Ara Massian. De 1921 à 1935, il collabore avec la section satirique du journal officiel Սովետական Հայաստան (Arménie soviétique), où il affine son style mordant et incisif.

Cependant, sa plume critique lui vaut la répression des autorités soviétiques, qu’il n’épargnait pas dans ses écrits. En 1935, il est emprisonné, exilé à Vorkouta, puis à Basargechar, avant d’être libéré après une amnistie générale en 1955. Ces années d’exil, bien qu’éprouvantes, nourrissent son œuvre, notamment ses journaux intimes rédigés en captivité. Privé de publication pendant une grande partie de sa vie après son retour, ce n’est qu’avant sa mort en 1965 qu’il parvient à faire accepter son livre Մարդը տանու շորերով (L’homme en vêtements d’intérieur) pour publication. Malgré les pertes irréparables de nombreux manuscrits au fil des tragédies personnelles et historiques, Ler Gamsar a laissé un héritage littéraire riche, imprégné d’un humour acerbe et d’une critique sociale universelle.

Parmi ses ouvrages de grande renommée, nous pouvons distinguer :

  • Անվավեր մեռելներ (1924) « Les morts invalides » : ouvrage qui explore, à travers une satire poignante, les conséquences absurdes et tragiques des conflits reflétant les bouleversements de l’époque.
  • Ազգային այբեննարան (1926) « Abécédaire national» : œuvre éducative à la fois ironique et critique, où Ler Gamsar utilise le format d’un abécédaire pour dénoncer les absurdités sociales.
  • Վրիպած արցունքներ (1934) « Larmes manquées» : Dans ce recueil, l’auteur mêle poésie et prose pour évoquer avec amertume et lucidité les douleurs oubliées ou ignorées des peuples opprimés.