Kasbar Ipégian, né le 19 janvier 1883 à Constantinople (Empire ottoman) et mort le 30 décembre 1952 à Beyrouth (Liban), est une figure marquante du théâtre arménien, reconnu pour ses talents d’acteur, metteur en scène, dramaturge et leader culturel. Né dans l’Empire ottoman, il était le frère du célèbre metteur en scène Armen Armenian, avec qui il partagea une vision commune : revitaliser et promouvoir l’art théâtral dans les communautés arméniennes dispersées.
Après avoir obtenu un diplôme en droit à la Sorbonne et une solide formation artistique en Europe, Kasbar Ipégian s’installa au Caire. Bien qu’il ait initialement mené une carrière commerciale, sa véritable vocation demeurait le théâtre, qu’il considérait comme un puissant outil de cohésion culturelle et de transmission des valeurs arméniennes. Actif pendant près de trois décennies, Ipégian a joué un rôle de catalyseur dans les cercles artistiques arméniens, initiant des mouvements théâtraux à Tbilissi, Constantinople, Téhéran, Bagdad et Le Caire.
Son influence s’est amplifiée à Beyrouth lorsqu’il fonda en 1941 l’Association Théâtrale Hamazkaïne. Ce groupe devint un pilier de la scène culturelle arménienne au Liban et a été renommé en son honneur après sa mort : le Théâtre Kasbar Ipégian, qui continue à prospérer aujourd’hui. Il est considéré comme un visionnaire et un ambassadeur de la culture arménienne à travers le théâtre.
Kasbar Ipégian a bénéficié d’une éducation remarquable, qui a façonné son parcours intellectuel et artistique. Il a suivi des cours à l’Université de Lausanne et au Conservatoire Paul Manei de Paris, avant de poursuivre des études de droit à la prestigieuse Sorbonne, où il obtint un diplôme. Bien que qualifié pour une carrière juridique, il choisit de se consacrer à sa passion : le théâtre et la culture.
Outre sa formation académique, Ipégian maîtrisait plusieurs langues, notamment le français et l’arménien, ce qui lui permit de traduire des œuvres majeures du théâtre français pour les adapter à la scène arménienne. Ces expériences européennes lui ont apporté une vision enrichie de la dramaturgie, combinant les traditions occidentales aux éléments distinctifs de la culture arménienne.
Kasbar Ipégian a laissé un héritage théâtral riche et varié. Il est l’auteur de la pièce emblématique Ara et Shamiram, publiée à Beyrouth en 1948, une œuvre qui explore les mythes arméniens à travers une perspective dramatique et poétique. En tant que metteur en scène, il a dirigé plusieurs pièces marquantes, dont Oshin Bail de Levon Shant, ainsi que des productions telles que Princesse de la forteresse déchue, Les Dieux anciens et Le César.
Ipégian était également un traducteur talentueux. Il adapta des pièces françaises pour les présenter au public arménien, tout en apportant une touche personnelle qui reflétait son attachement à la culture arménienne. En plus de ses contributions artistiques, il joua un rôle important dans la diffusion des idées littéraires et éducatives à travers la publication du Calendrier-annuaire Hamazkaïne.
Son style de rédaction se distingue par sa capacité à fusionner les récits historiques et les mythes arméniens avec des structures dramaturgiques modernes. Passionné par la transmission culturelle, il voyait dans le théâtre un moyen d’éduquer et de rassembler les communautés arméniennes. Ses œuvres et productions, profondément imprégnées d’un nationalisme éclairé, reflètent un engagement total envers l’art et la préservation de l’identité arménienne.
Kasbar Ipégian reste une figure emblématique de la scène théâtrale arménienne, ayant œuvré sans relâche pour élever l’art dramatique au rang d’une véritable mission culturelle. Son héritage continue de résonner à travers les générations.