Ghevont Alishan

Ghevont Alishan, également connu sous le nom de Léonce ou Leonzio Alishan, né Kerovpe Alishanian le 6 juillet 1820 à Constantinople (Empire Ottoman) et mort le 9 novembre 1901 à San Lazzaro Degli Armeni (Italie), est un prêtre, poète et historien incontournable de la culture arménienne. Son travail s’est illustré par une profondeur intellectuelle et une inspiration romantique, mêlant patriotisme et foi chrétienne.

Durant sa vie, Alishan a marqué à la fois la littérature et les études académiques arméniennes. Il a su donner une nouvelle vigueur à l’identité arménienne à travers des œuvres poétiques, des études historiques et des traductions d’auteurs européens. En reconnaissance de ses contributions, de nombreuses institutions européennes l’ont honoré, comme la Légion d’honneur en France. Il est décédé le 9 novembre 1901 à Venise et repose sur l’île de Saint-Lazare, centre spirituel et intellectuel des mékhitaristes.

Ghevont Alishan a grandi dans un environnement propice aux études et à la culture. Après avoir étudié à l’école Chalikhian de Constantinople entre 1830 et 1832, il a poursuivi sa formation au sein de l’académie mékhitariste sur l’île de Saint-Lazare, à Venise. En 1840, il a rejoint la Congrégation mékhitariste, où il a été ordonné prêtre peu de temps après.

Tout au long de sa carrière, Alishan a occupé des postes variés dans l’enseignement. Il a enseigné à l’école Raphaël de Venise, où il a également été directeur à plusieurs reprises. De 1859 à 1861, il a dirigé l’école Samuel-Moorat à Paris. En parallèle, il a été rédacteur en chef de la revue académique Բազմավէպ (Pazmaveb), contribuant ainsi à la diffusion de la recherche arménienne.

À partir de 1872, Alishan a décidé de se consacrer exclusivement à ses recherches et à ses écrits. Il a également voyagé dans plusieurs pays européens, notamment en France, en Allemagne et en Italie, où il a établi des liens avec des intellectuels de renom. Ces échanges ont enrichi son travail et renforcé son influence au-delà de l’Arménie.

Ghevont Alishan a laissé derrière lui une œuvre vaste et variée, comprenant des poèmes, des études historiques et géographiques, ainsi que des traductions. Ses contributions littéraires et académiques continuent d’inspirer les chercheurs et les lecteurs arméniens. Parmi ses œuvres majeures, figurent :

  • Յուշիկք հայրենեաց հայոց (1869) «Souvenirs de la patrie arménienne» : Ce recueil, écrit en prose vernaculaire arménienne, représente une compilation d’épisodes historiques et culturels marquants de l’Arménie.
  • Études historiques et géographiques : Alishan a publié des travaux détaillés sur les régions historiques de l’Arménie, notamment Շիրակ (1881) « Shirag », Սիսուան (1885) « Sisouan », Այրարատ (1890) « Ayrarad »et Սիսական (1893) « Sisagan ». Ces œuvres combinent histoire, géographie et traditions locales.
  • Հայապատում (1901) «Histoire arménienne» : Une compilation monumentale d’extraits de 400 historiens arméniens, retraçant l’histoire arménienne jusqu’au XVIIᵉ siècle.

Alishan a également traduit en arménien des œuvres de Byron, Schiller, Lamartine et Chateaubriand, rendant accessibles à ses contemporains des classiques de la littérature européenne.

Poète romantique, celui-ci s’est exprimé principalement en arménien classique, mais il a également écrit dans des langues modernes comme le français et l’italien. Ses poèmes exaltent la beauté de la patrie, les paysages d’Arménie et les épisodes héroïques de son histoire. Ils mêlent souvent ferveur religieuse et amour pour sa terre natale, reflétant son credo selon lequel patriotisme et foi sont indissociables.

En tant qu’érudit, Alishan s’est distingué par son souci du détail et sa capacité à relier la tradition arménienne à un cadre scientifique et littéraire universel. Ses études géographiques, notamment, sont considérées comme des références en raison de leur richesse documentaire. Grâce à ses traductions et à ses publications en français, anglais et italien, Alishan a permis à l’Arménie d’être mieux connue et appréciée sur la scène intellectuelle européenne.

L’œuvre de Ghevont Alishan a contribué ainsi à forger une conscience nationale arménienne moderne, tout en enrichissant la littérature et la science arméniennes. Ses écrits, bien que parfois complexes pour le public en raison de leur usage de l’arménien classique, restent des témoignages puissants de son engagement pour sa culture et sa foi.