Arshile Gorky, né Vostanik Manoug Adoian le 14 avril 1904 à Hayots Tsor (Empire ottoman), est l’un des pionniers de l’expressionnisme abstrait américain. Sa vie est marquée par des tragédies personnelles, notamment le génocide arménien, qui l’oblige à fuir sa terre natale en 1915. Après la mort de sa mère durant la famine d’hiver en 1919, Gorky émigre aux États-Unis en 1920, où il réinvente son identité en prenant le nom d’Arshile Gorky, un hommage à l’écrivain russe Maxime Gorki. Installé à New York, il devient une figure centrale de la scène artistique avant-gardiste, influençant des générations d’artistes grâce à son travail novateur et émotionnellement puissant. En 1947, pour tenter d’enrayer un cancer diagnostiqué tardivement, il doit subir une opération chirurgicale, opération qui succède à une série de catastrophes : la disparition d’une grande partie de son œuvre dans l’incendie de son atelier, un grave accident de voiture et le départ de sa femme. Arshile Gorky ne parvient pas à s’en remettre et se suicide par pendaison le 21 juillet 1948 à Sherman, Connecticut (États-Unis), laissant derrière lui un héritage artistique indélébile.
Gorky n’a jamais reçu de formation artistique formelle prolongée. Dès son arrivée aux États-Unis, il s’inscrit brièvement à la Rhode Island School of Design en 1920 avant de se rendre à New York, où il se forme puis commence à enseigner à la Grand Central School of Art en 1925. Passionné d’art, Gorky se plonge dans l’étude des grands maîtres européens tels que Paul Cézanne, Pablo Picasso et Joan Miró, dont l’influence est évidente dans ses premières œuvres. Autodidacte, il combine les techniques académiques qu’il a apprises avec ses propres expériences et influences pour développer un style unique, fusionnant l’abstraction avec des éléments de son passé traumatisant et de son héritage arménien.
Les œuvres majeures de Gorky témoignent de son évolution artistique et de son rôle de précurseur de l’expressionnisme abstrait.
Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent :
– « The Artist and His Mother » (1926-1936) : Tableau inspiré d’une photographie de Gorky avec sa mère, illustrant la douleur et la nostalgie de la perte familiale et du déracinement.
– « The Liver is the Cock’s Comb » (1944) : Cette peinture est souvent considérée comme l’une de ses plus importantes, symbolisant l’apogée de son style mature, où l’abstraction et le surréalisme se rencontrent pour créer un langage visuel complexe et émotionnel.
– « Agony » (1947) : Une œuvre profondément personnelle qui reflète la souffrance de Gorky face à ses luttes personnelles et à la détérioration de sa santé mentale.
Le style de dessin de Gorky est marqué par une transition du réalisme à l’abstraction, tout en restant enraciné dans ses expériences personnelles. Son travail intègre des formes biomorphiques, des lignes fluides et une palette de couleurs vives, mêlant abstraction et surréalisme. Gorky puise dans son subconscient pour créer des œuvres qui sont à la fois introspectives et universelles, alliant une maîtrise technique à une exploration émotionnelle intense. Son style unique a fait de lui une figure clé dans le développement de l’art moderne aux États-Unis, et son influence se fait sentir dans l’évolution de l’expressionnisme abstrait, avec des artistes tels que Jackson Pollock et Willem de Kooning qui ont puisé dans son héritage.