1 Avril 1909 – Massacres d’Adana

Les massacres d’Adana correspondent à une série de violences perpétrées en avril 1909 dans la province d’Adana (Empire ottoman) contre la population arménienne qui a fait entre 20 000 et 30 000 victimes parmi les Arméniens et d’autres minorités chrétiennes.

Ces violences s’inscrivent dans un contexte de haine envers les minorités de l’Empire, marqué par la montée du nationalisme et l’instabilité politique.

En 1908, la Révolution des Jeunes-Turcs avait renversé le pouvoir absolu du sultan Abdülhamid II et restauré la Constitution ottomane, promettant égalité et réformes pour tous les sujets de l’Empire, quelle que soit leur religion ou leur appartenance.

Cependant, cette transition a engendré une grande instabilité. Certains éléments loyalistes au sultan déchu et des factions nationalistes turques considéraient les Arméniens comme une menace, car ces derniers réclamaient des droits et des réformes justes : depuis des décennies les Arméniens étaient opprimés, massacrés (on peut citer notamment les massacres Hamidiens à la fin du 19ème siècle).

Le déclenchement des violences fut alimenté par des rumeurs infondées accusant les Arméniens de préparer une rébellion contre les autorités ottomanes. Ces accusations ont été utilisées pour justifier des attaques organisées contre la communauté arménienne, attisant encore plus le climat de peur et de haine.

Les tensions étaient particulièrement vives dans la province d’Adana, où les Arméniens prospéraient économiquement et possédaient de nombreuses richesses, terres et commerces. Leur réussite économique suscitait des jalousies et des ressentiments parmi certains Ottomans de la région, ce qui a favorisé l’explosion des violences anti-arméniennes.

Ces massacres se sont déroulés en deux vagues successives :
• Première vague (1-4 avril 1909) : des foules de civils, soutenues par des éléments de l’armée ottomane et des forces de sécurité locales, attaquent les quartiers arméniens. Les maisons, églises et commerces sont incendiés et pillés, des milliers d’Arméniens sont massacrés à l’arme blanche ou brûlés vifs.
• Deuxième vague (12-14 avril 1909) : après une brève accalmie, de nouvelles attaques sont menées par les Ottomans. Cette fois, les violences s’étendent à d’autres villes de Cilicie, et les pertes humaines et matérielles s’alourdissent.

Les massacres d’Adana ont profondément marqué la communauté arménienne et renforcé son sentiment de vulnérabilité au sein de l’Empire ottoman. Malgré l’indignation internationale, les responsables de ces massacres n’ont jamais été sanctionnés, les Arméniens jamais secourus.

Ces événements sont aujourd’hui considérés comme un prélude au génocide de 1915, durant lequel l’Empire ottoman a orchestré l’extermination systématique de la population arménienne. Les massacres d’Adana illustrent ainsi la politique répressive de l’Empire ottoman à l’encontre des minorités et la montée d’une idéologie nationaliste excluant les minorités ethniques.